Roof

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Roof de Saveur Tomato, 2021. Tous droits réservés.

Au Sud-Est d'Arelat, au bord de la Mer Apriceanée, se trouvait Carallie, une nation riche et prospère, qui profitait de sa situation centrale dans le monde pour faire fleurir son commerce maritime. Bénie d'un climat maritime chaud et ensoleillé toute l'année, ses villes étaient constituées de bâtiments de pierre et de tuiles sans aucune considération pour les précipitations ou la neige.

C'est dans une de ses somptueuses villes que se trouvait Beller. Le jeune espion d'Arelat avait été envoyé ici sur ordre de son maitre pour une tâche qui constituait une confirmation de sa dévotion. Il devait assassiner la personne la plus importante de la cité : Borso Bellini, l'un des cinq grands princes marchands de Carallie.

Comme on pouvait s'en douter, assassiner une personne aussi importante n'était pas des plus aisés, aussi Beller prenait son temps. Il passait ses journées à espionner Borso. Les villes de Carallie avait cela de pratique qu'elles disposaient de toits de tuiles solides et relativement plats. Qui plus est, la plupart des bâtiments faisaient au moins deux, voir trois étages et les rues pouvait être suprenamment étroites. Enfin, cerise sur le gâteau, en Carallie, on avait pour tradition de décorer les rues lors de divers festivals et carnavals, aussi, les grandes rues étaient parsemées des cordes par lequel Beller pouvait passer.

Alors qu'il observait sa cible tout en mangeant un morceau de jambon qu'il avait volé dans un fumoir, Beller se fit la remarque que ça faisait plusieurs jours qu'il n'avait pas touché le sol. Il y avait tout ce qu'on pouvait avoir besoin sur les toits : de nombreux marchands y entreposaient leurs stocks, sans aucune forme de sécurité, juste posés sous un drap imperméable ou dans un petit cabanon sans serrure. Beller y avait trouvé des vêtements, des fruits et de la viande séché. Les différents restaurants de la ville y mettaient des fumoirs à poisson ou à jambon, dans lesquels l'espion s'était servi. Et pour le plus grand confort de Beller, certaines habitations y avaient placé leurs toilettes.

Car oui, Carallie, tout comme Arelat, avait une longue histoire antique et avait connu une époque de grands bâtisseurs. Le pays était parsemé d'aqueducs et les villes profitaient d'une eau fraiche abondante et de systèmes d'égouts leur permettant l'évacuation des déchets. Depuis les toits, Beller pouvait s'abreuver dans les quelques aqueducs qui passaient à cette hauteur.

Beller se sentait en sécurité sur les toits, et ce sentiment fit naitre en lui un fantasme. Pourquoi en partir ? Finalement, il était bien là, au soleil, à manger des fruits sucrés et boire de l'eau fraiche. Vivre caché, au nez et à la barbe de toute une ville, seul, libéré de toute contrainte, des entrainements, de la cour, des meurtres et des assassinats…

C'est deux jours plus tard que, bien malgré lui, ses espoirs naissant de liberté furent anéantis. Alors que le soleil se couchait et que Beller rentrait sur le toit où il avait établi son campement, un croassement le fit s'arrêter. Il leva machinalement le bras et le corbeau vint s'y poser. Il détacha le message de sa patte et l'oiseau s'envola sans attendre.

Il serait très complexe de retranscrire ici, ce qui était écrit sur ce petit papier, tant les langages secrets des espions d'Arelat sont sophistiqués. Quoi que fut marqué, à sa lecture, Beller perdu toute expression, son visage devint neutre, son froid et calculateur.

Cette nuit-là, il s'introduisait dans les appartements du prince.

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